Les bruxellois Les Mecs - Du collectif d'amis à la maison de production à part entière

© Les mecs
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Les tips & tricks de Yousri Mekroum et Jasper Flikschuh de la maison de production audiovisuelle 'les mecs'. Questions et réponses provenant du talk organisé chez mediarte le 12 mars.

Comment avez-vous rencontré votre équipe à la base?

Jasper: « C'est au cours de nos études au RITCS que l'histoire "les mecs" a commencé. Nous avions quelques petites demandes, rien de grandiose, mais nous avons senti qu'il y avait plus que cela. Nous avons donc dû prendre une décision. Sommes-nous en train de créer une véritable maison de production ?»

Yousri: « A ce moment-là, nous on s’est dit soit on fait quelque chose de sérieux de ça, soit on arrête tout. C’était dans un night shop qu’on s’est posé cette question. La route a été très longue pour trouver l’équipe qui existe aujourd’hui. Ensuite, nous avons déménagé et à partir de ce moment nous avons commencé à engager du personnel. La route a été difficile, mais elle a été bonne. Et je suppose que c'est comme ça que ça va rester. »

Comment on reste une équipe ?

Yousri: « Tous les 8 on a des caractères très différents. Comment rester cohérents ? Je crois qu’on essaie d’être une boîte qui est ouverte et qui communique de manière transparente. Question budget, tout le monde sait combien il y a. On fait des team building, on fait beaucoup d’apéros, toute l’équipe vient de revenir de vacances au ski.
On essaie d’engager les gens qui ont un caractère fort. Par exemple, pour le neuvième qui arrive, il y a déjà 8 caractères qui sont forts. Il faut un neuvième qui est fort aussi, parce que sinon cela risque de créer un déséquilibre. Et nous on adore le fait qu’il y ait des clashs, car en fin de compte le résultat sera meilleur. On ne prend aucune décision sans avoir bien réfléchi et que tout le monde ait vraiment donné son avis. Je crois que c’est très important. Même le monteur, le graphiste et le directeur financier : tout le monde a sa propre vision. Je pense que cette attitude ouverte fait de nous une équipe. »

Quelle est l'importance de trouver les bonnes personnes pour créer une entreprise ?

Jasper: « Il faut trouver des gens qui ont envie de se lancer à 3000% parce que ce n’est pas facile, surtout au début. Il faut trouver des jobs et mettre de l’argent dans la boîte.

Yousri: « Il s’agit aussi beaucoup de bouche à oreille, parfois même le hasard intervient, ça peut se passer lors d’évènements, ou tu vois quelqu’un en ligne qui fait des chouettes projets sur Instagram, et tu te dis « je vais le contacter, aller prendre un café, peut-être faire un projet avec lui. » S’il est également intéressé par une collaboration, partant de là ça peut démarrer »
« Aujourd’hui encore, je me demande souvent « est-ce que tout ça vaut la peine ? Après ce talk on doit retourner au bureau pour respecter des deadlines. Donc ça prend beaucoup d’énergie. C’est pour ça que c’est important de se lancer à 3000%.»

Un, deux, trois, soleil (Campaign for Youth at Social Risk) © Les Mecs
 

Quelle est l'importance d'un portfolio en ligne pour vous ?

Yousri: « Tu ne reçois que les offres basées sur les projets que tu mets sur les réseaux sociaux. Il ne faut pas rêver : si tu ne mets que du non-fiction sur ton site web ou sur ton Instagram, tu ne vas recevoir que des demandes pour créer des pubs. C’est pour cela que c’est très important de savoir ce qu’on met en ligne.
Notre style n’est plus le même qu’au début. Ce que vous voyez a été fait quand nous étions 3 personnes, maintenant nous sommes 8 personnes et nous avons d’autres types de clients, notre portefeuille de clientèle a grandi et nous avons évolué en tant que société. »

Sur quels réseaux sociaux vous êtes présents et comment les utilisez-vous ?

Yousri: « Il y a un an, on ne se préoccupait presque pas de ça. On se disait toujours « on a trop de travail pour pouvoir le faire » mais c’est très important. Même si on ne veut pas avoir beaucoup plus de clients pour le moment, c’est essentiel de raconter. La plateforme qu’on utilise le plus c’est Instagram. Facebook, on poste rarement quelque chose, pour nous ce n’est plus très important. Et on a vraiment remarqué que lorsque nous étions actifs sur Instagram, on recevait beaucoup de réponses. Les gens disaient ah wow vous faites des projets, depuis quand ? Même des freelances nous contactaient pour travailler avec nous car cela leur semblait pouvoir être chouette de travailler ensemble. »

Jasper: « Le site web est très important aussi. Plus particulièrement pour les nouveaux clients parce que si nos relations ou nos copains proposent aux agences de travailler avec nous, il faut toujours qu’elles puissent regarder sur le site web. Pour nous, le site web et Instagram sont les canaux les plus importants pour communiquer. »

Yousri: « On utilise Instagram de deux manières différentes: les posts pour montrer notre travail quand on est content de ce qu'on a fait et qu’on veut le montrer à tout le monde, et les stories pour donner un extra vibes sur qui on est. Ça peut être des moments au bureau où on rigole ensemble, un anniversaire,… Ça donne des valeurs sur ta boîte sans que ce soit forcé, et ça c’est très important. Tout le monde est à la recherche d’authenticité, c’est ces moments-là que tu dois filmer. »

© Les Mecs
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Comment faites-vous pour communiquer sur Instagram parce que sur Instagram, on ne peut pas dépasser une limite de temps, de taille, c’est plus du teasing qui redirige sur un site web ?

Jasper: « Instagram, c’est ‘less is more’. Il faut que ce soit beau, il faut que les gens aient envie de cliquer. Avant, les gens mettaient par exemple des shows réels. Nous on reçoit beaucoup de contacts de la part de gens qui ont envie travailler avec nous et qui envoient leur portfolio et leur showreel mais la première chose que l’on fait c’est regarder ce qu’il y a sur leur Instagram. Là, tu vois si c’est cohérent ou pas. »

Vous recevez beaucoup de lettres de sollicitation spontanées? Est-ce que vous les regardez et y répondez? 

Yousri: « En général, non. Pourquoi? Parce qu’on a beaucoup de travail et que les lettres spontanées ne sont presque jamais dirigées exclusivement vers nous. Ce sont des personnes qui ont envoyé leurs emails à tout le monde. »

Jasper: « Nous aussi nous l’avons fait au début. On a contacté des agences pour recevoir du boulot, ce qui nous a permis de bien préparer notre présentation. On a créé un “bouquin”, et ça nous a fait réfléchir sur ce qui est important pour nous, ce qu’on veut faire, et sur la manière de communiquer avec les agences pour obtenir du boulot de leur part. On a pas reçu directement du boulot mais je suis certain que ça a agrandi le nom de “les mecs. »

Yousri: « En dehors des candidatures spontanées, si vous êtes un freelance, c’est important d'avoir un réseau. Par exemple, si tu es ingénieur du son, il faut aussi avoir des ami(e)s qui sont ingénieurs du son. Pourquoi? Parce qu’on a une base de freelance avec laquelle on travaille régulièrement, et si la personne qu’on contacte n’est pas disponible, on va lui demander s’il/elle connait quelqu’un d’autre qui est au moins aussi bien que lui/elle. Donc c’est surtout du via via grâce aux gens qu’on connaît déjà et en qui on a confiance. »

Meli Melo - Short Film (Official Trailer) © Les Mecs


Du coup, est-ce encore utile d’écrire une lettre de motivation ?

Yousri: « Attention, il y a une différence! Si on publie une offre d’emploi et qu’on reçoit beaucoup de réponses pour celle-ci, dans ce cas, la lettre de motivation, le portfolio et le CV sont hyper importants. On va tout lire en détails et sélectionner ceux qu’on invite. On a reçu des lettres de motivation et/ou des CV où, visuellement, c’était horrible et on a même pas regardé le reste. Donc si tu réagis à une offre d'emploi, oui, c’est très important. »

Comment montrer sa motivation pour l’entreprise dans sa lettre de motivation ?

Jasper: « Il faut regarder ce que tu adores dans ce que l’entreprise a réalisé. Pourquoi cette entreprise et pas une autre. Chaque boîte a sa propre vision. Toujours regarder le portfolio de la boîte, regarder les similitudes et les mentionner dans sa lettre. Bien sûr, il est aussi question d’avoir un peu de chance. Par exemple, si on cherche un certain profil immédiatement et qu’on reçoit justement un email d’une personne qui correspond à notre besoin. Parfois, on reçoit juste le bon mail au bon moment. Il n’y a pas de recette parfaite. Beaucoup est dû au hasard. Il faut rêver et continuer. “Don’t give up”. »

Est-ce que vous arrivez à avoir du temps libre ?

Jasper: « Avant non. Mais il y a eu un changement lorsqu’on a commencé à structurer notre temps et à faire un vrai planning. Le calendrier est “dieu” et il faut le respecter car c’est toujours le challenge entre les deadlines et le temps personnel. Avant je continuais à travailler jusqu’à 3h du matin. Mais à la fin, ça devient trop. Quand on a mis en place l’agenda, on a aussi commencé à dire à certains clients: ‘Désolé, demain on est occupés, ce sera pour après-demain’. Le fait qu’on ose dire non, ce n’est pas possible, c’est très important pour son agenda personnel. »

Yousri: « Au début on avait peur de perdre des clients si on acceptait pas des deadlines, même quand c'était des demandes de dernière minute. Mais c’est très important de respecter un planning. Et du côté des clients, lorsqu’on explique que c’est pas possible car on travaille sur autre chose et qu’il nous faut plus de temps, ils le comprennent en fait très bien. Ils se rendent compte que leur demande n’est pas réaliste." »

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