Amanda Cutting - An award nominated actor and director Amanda Liz has been active in both professional and semi-professional theatre, Film and Television for 22+ years. Amanda has worked as an actor advocate and Intimacy choreographer/coordinator for the last 6 years and is currently an Intimacy Director with IDI-UK and an apprentice with IDI- USA. She has a variety of certifications to qualify her in the field among them basic firearms for film, stage combat and mental health first aid. Amanda works internationally assisting in creating safe workplaces for artists on both stage and film sets. She is one of the few Intimacy Directors that also specializes in youth intimacy and safety. Currently, Amanda is in the process of creating a physical movement lexicon for Intimacy which hopefully will be published by 2021.
Comment est né Intimacy Directors International?
Intimacy Directors a été fondé en 2004 avec pour objectif de créer un lieu de travail sécurisé pour les acteurs. Depuis le mouvement #metoo, la demande pour des Coordinateurs Intimacy a explosé et nous nous sommes concentrés de plus en plus sur des formations pour le cinéma, la télévision et le théâtre.
Comment êtes-vous devenue “Intimacy Director”?
J’ai débuté comme actrice et à partir de là, j’ai commencé à représenter différents acteurs. À ce titre, on faisait souvent appel à moi en tant que « troisième personne » sur les plateaux de tournage. En effet, au Canada, vous pouvez demander qu'une tierce personne soit présente sur le plateau pour veiller à votre sécurité personnelle lors de scènes agressives ou intimes.
Quand Intimacy Directors International a reçu de plus en plus d'attention médiatique, il s'est avéré que je faisais déjà beaucoup de choses qui s'alignent sur leur méthodologie. Après quelques formations, il ne me restait plus qu'un petit pas à franchir pour commencer à travailler pour eux professionnellement.
Que fait une “Coordinatrice Intimacy” et de quelle manière celle-ci fait-elle la différence sur le plateau?
En résumé, le coordinateur intimacy est en charge de la sécurité mentale et physique de l'acteur. Mais nous sommes aussi là pour toute l'équipe de tournage. Par exemple, il est parfaitement possible que le(la) responsable des costumes ne soit pas pleinement conscient(e) de l'intensité d'une scène et en ait été affecté(e).
En premier lieu, nous rencontrons le producteur et le réalisateur ou showrunner afin de définir de quoi se compose le contexte d’une scène, comment ils souhaitent la traduire visuellement en images et quelle en est la dimension émotionnelle. Je parcours avec eux un certain nombre d’options pour une chorégraphie. Avec ces informations, je me tourne alors vers les acteurs avec la question de savoir où ils se sentent sûrs d’eux. Nous utilisons toujours le mot « sûr de soi » car il permet de détecter plus facilement lorsqu'un acteur ne dit pas toute la vérité. Ils craignent souvent d'être licenciés ou de ne pas être engagés pour le prochain projet. Pour cette seule raison, il est important que nous intervenions en tant que tierce personne. On résout ainsi en partie les rapports de force entre un réalisateur/producteur et les acteurs. Lorsque nous sommes engagés par une production, tout le monde sait à l'avance que nous sommes susceptibles de dire qu'une certaine action ne sera pas possible, mais que dans le même temps nous présenterons un certain nombre d'autres alternatives.
Nous travaillons donc surtout de manière très solidaire et aidons le réalisateur à être tout à fait clair dans la communication et les instructions. Cela permet aux acteurs de se concentrer pleinement sur leur prestation et de ne pas avoir de doutes ou d'insécurité pendant leur jeu.
La veille d’un tournage, nous allons toujours vérifier si les choses n'ont pas été modifiées dans la scène et si les acteurs se sentent toujours aussi confiants. Par exemple, il se peut qu’entretemps quelque chose pouvant avoir une influence se soit passé dans la vie personnelle d'un acteur.
Le jour du tournage, nous répétons quelques chorégraphies possibles avec les acteurs et les présentons au réalisateur sur un plateau fermé. Celui-ci peut alors choisir et procéder à des ajustements en concertation. Dans les protocoles, je recommande également à la production un plateau fermé. Ainsi, seuls le DOP et le réalisateur ont un monitor et je me concerte toujours avec le réalisateur afin de m'assurer que tous les accords sont respectés. Il est parfaitement possible que des parties génitales que le DOP n'a pas vu apparaissent à l’image parce que lui, il regarde l'ensemble.
Je transpose également les instructions de mise en scène en actions concrètes grâce auxquelles un acteur peut confortablement se mettre au travail. Souvent, des indications sont données comme "Je veux que cette scène soit plus difficile", je traduis alors cela en un autre type de respiration, en actions spécifiques avec lesquelles je sais que les acteurs se sentent à l'aise.
Après une scène, je vérifie également auprès de chacun qu'ils se sentent toujours à l'aise ou s'il y a des problèmes que nous devrions résoudre à ce moment-là. Je suis également toujours en contact direct avec le département costumes pour voir comment nous pouvons résoudre les choses. Ce n'est pas obligatoirement le cas pour une scène de nu que les acteurs soient complètement dénudés. Par ailleurs, nous veillerons toujours à ce que les organes génitaux ne se touchent pas. Parfois, vous devez imaginer des solutions très innovantes pour cela.
La veille d’un tournage, nous allons toujours vérifier si les choses n'ont pas été modifiées dans la scène et si les acteurs se sentent toujours aussi confiants.
Quels sont les plus grands malentendus qui surviennent lorsque vous travaillez sur une scène intime?
Souvent, les personnes pensent que nous prenons tout en charge et qu’il n’y a plus de place pour des choix créatifs. Or, nous travaillons vraiment en équipe et nous nous occupons principalement de la communication entre tous les concernés. De ce fait, la production gagne souvent du temps et donc de l’argent grâce à notre présence. Quand il faut tourner, tout est clair et on peut se concentrer sur l’enregistrement en tant que tel.
De plus, nous sommes aussi experts sur le plan des scènes intimes et/ou agressives et pouvons fournir des techniques qui rendent les scènes plus crédibles. De cette façon, nous apportons également un soutien créatif au réalisateur, qui peut alors se concentrer sur l'ensemble.
De surcroît, les scènes dans lesquelles une pression mentale extrême est exercée sont également des scènes pour lesquelles nous pouvons fournir une assistance. Pensez par exemple à des scènes du film “Le silence des agneaux”.
Travailler avec des enfants représente également une part cruciale de notre travail. Comment accompagnez-vous un enfant acteur dans une scène de baiser de façon à ce que ses première expériences sexuelles ne s’en trouvent pas influencées ? Ils sont encore fréquemment extrêmement sensibles à certaines agressions auxquelles nous, nous sommes complètement habitués. Si vous demandez à un enfant de pleurer hystériquement pour la perte de sa mère, il y a un risque que cela ramène cet enfant vers des expériences personnelles. Nous savons grâce aux scanners du cerveau que les mêmes parties du cerveau sont alors actives, comme lors d'un véritable traumatisme. Il s'agit alors de ne pas attendre trop longtemps pour être sorti de cet état et de façon correcte. Nous appelons cela "closure practices", comment pouvez-vous quitter un personnage en toute sécurité. Il y aura toujours un “emotional bleed-off” lors de la libération d'un personnage, même avec un Coordinateur Intimacy, mais nous veillerons à ce que cela reste limité.
La dynamique a-t-elle changé sur le plateau depuis le mouvement #metoo et à quoi devons-nous encore travailler?
Il existe une très forte augmentation de la volonté d'améliorer les choses. Par exemple, vous pouvez déjà constater chez la nouvelle garde, une plus grande prise de conscience de la nécessité d'aborder les choses autrement. Mais chez la vieille garde aussi, il y a souvent une très large volonté est présente car ils ont également eu des expériences personnelles négatives sur un plateau. Bien sûr, vous avez des gens qui craignent que nous représentions une limitation créative ou des personnes qui pensent que tout cela n'est qu'une grande chasse aux sorcières.
Un point sur lequel moi-même j'aimerais voir arriver une amélioration est la façon dont nous traitons les extras. Nous faisons à présent assez d'efforts pour créer un environnement sécurisé pour le réalisateur et les acteurs, mais les figurants sont aussi des personnes avec des émotions. Si vous avez trois filles en arrière-plan avec des seins nus, vous devez tout autant les traiter humainement et conclure des accords clairs.
Avez-vous des conseils pour les étudiants dans le secteur du film et pour les débutants qui souhaitent aborder une scène intime?
Communiquer et prendre le temps de le faire. Vous devez toujours être clair et précis sur ce que vous voulez, comment vous voulez le filmer et quelles sont les couches émotionnelles importantes. Respectez-vous les uns les autres en prenant le temps d'en parler et restez ouvert au feedback de chacun. Au final, cela aura toujours une influence positive sur le résultat et vous fera gagner beaucoup de temps et d'argent lors de la production.