Safety & Security pour les professionnels des médias

Safety charlie mcgrath

Charlie McGrath a servi durant quinze ans dans l’armée britannique. A ce titre, il était actif en Irlande du Nord, mais aussi en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, en Afrique du Sud et pendant la première Guerre du Golfe. Il a été décoré du titre MBE lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud (1994). Sa société “Objective Travel Safety” donne des formations à la sécurité à - entre autres - des journalistes et des ONG actives dans des environnements difficiles. Depuis 2003,  elle organise également HEST, des formations qui ont beaucoup de succès, pour la EBU Academy.

Comment avez-vous débuté comme formateur HEST chez EBU?

Charlie: "J’ai fait partie de l’armée britannique durant quinze ans, et j’avais moi-même aussi avant cela parcouru le monde. Tant pendant mes voyages qu’au cours de ma carrière dans l'armée, j'ai rencontré plusieurs journalistes. Par exemple, l'un de mes meilleurs amis, Rory Peck, était un cameraman indépendant décédé lors du coup d'État de Yeltsin en Russie. Au fil des ans, mes collègues de l'armée avec qui j'ai fondé une entreprise de formation à la sécurité, ont également noué de nombreuses amitiés avec des professionnels des médias.  

“En 2003 EBU était à la recherche de propositions de formations à la sécurité. Nous venions alors de débuter dans le secteur avec des concurrents spécialisés en formations aux environnements hostiles (“Hostile Environment”). Ces autres spécialistes abordaient toutefois cela de manière clairement militaire, tandis que nous partions du point de vue des professionnels des médias. Autant un certain nombre de compétences militaires sont bien utiles, la plupart des journalistes ne souhaitent quand même pas devenir soldat (rire). Ceci explique selon moi le succès des formations HEST EBU.”

Pourquoi les formations à la sécurité sont-elles importantes pour les professionnels des médias? 

Charlie: “Ici au Royaume-Uni, c’est important car les chaînes télé peuvent être rendues responsables si un de leurs collaborateurs décède pendant le tournage des news ou lors d’une autre mission. En tant qu’entreprise, vous voulez tout de même donner le support nécessaire à vos employés quand ils se retrouvent dans des situations qui leur sont étrangères. Avec un peu d’entraînement, vous savez très vite ce que vous devez faire et vous êtes plus sûr de vous. Encore plus important est le fait que nous sommes capables de fournir également des petits trucs rapides afin d’éviter que vous vous soyez confronté à des situations précaires. En étant bien préparé, avant de quitter votre hôtel par exemple, vous augmentez votre sécurité.”

Quels sont les principaux défis pour les professionnels des médias sur le plan de la sécurité?

Charlie: “Il s'agit toujours de trouver le bon équilibre, entre faire attention à soi-même ou à son équipe et aller au fond de l'histoire et s'assurer de tout filmer. Les gens ont envie de se rapprocher le plus possible de l'histoire, que leur sécurité soit ou non compromise. À cause de cela, on peut courir le risque de devenir l’histoire. Tout se passe très vite. Même ici en Europe. Vous devez simplement savoir quand vous devez arrêter de filmer une manifestation; par exemple en France, avant d'arriver au centre des émeutes et d'être arrêté par la police, voire pire. En dehors de l'Europe, la situation est encore plus difficile. Il y a des pays d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique où, en tant que créateur de programmes, vous devenez vous-même une cible. Et cette menace peut provenir de régimes autoritaires, de mouvements terroristes ou de criminels. Cela ne se passe pas uniquement en dehors de l'Europe de nos jours, un journaliste est mort à Malte également à cause d'une voiture piégée.”

Quelles sont les erreurs les plus cruciales que vous pouvez commettre contre votre propre sécurité en tant que créateur de programmes?

Charlie: “L'une des erreurs les plus courantes est d’avoir effectué trop peu de recherches sur ce que l'histoire raconte, sur les situations dans lesquelles vous pouvez tous vous retrouver et surtout sur les attitudes que les gens auront envers vous. Vous devez vraiment bien comprendre la situation dans laquelle vous allez filmer avant de pouvoir constater des variations de la voix dans la foule ou chez la personne que vous interviewez. Nous remarquons souvent que les créateurs sous-estiment la rapidité avec laquelle les situations peuvent évoluer et dégénérer.”

JB
HEST Training

Y a t-il une évolution sur le plan de la sécurité dans le secteur? 

Charlie: “Absolument. A l’époque de la Guerre du Vietnam ou lors du conflit arabo-israélien, il n’existait pas encore de formations. Mais tout cela a changé depuis la Guerre des Balkans, lorsque la BBC a commencé à organiser des formations. Les autres chaînes ont rapidement suivi. En général, vous constatez une plus grande prise de conscience en Europe du Nord mais on assiste à une progression rapide. Principalement de la part des créateurs eux-mêmes, qui demandent des formations à leurs producteurs. Une autre raison est que les assureurs insistent plus sur ce point. Il est de plus en plus difficile pour les chaînes de conclure des contrats d’assurance sans attestation que leurs collaborateurs ont suivi une formation.” 

Pourquoi la sécurité numérique est-elle si importante pour les professionnels des médias?

Charlie: “S’il y a une chose qui a progressivement gagné en importance au cours des 10 dernières années, c'est la sécurité numérique. Nous ne sommes pas du tout conscients de notre empreinte digitale et de ce que l'on peut en déduire. Mais, les soldats à un point de contrôle le savent et il ne leur faut que 15 secondes pour savoir exactement où vous vous trouvez grâce à votre iPhone, avec ou sans autorisation. Si vous êtes d'accord avec les dissidents, il est important pour eux et pour votre propre sécurité que vous puissiez effacer tout l'historique de votre téléphone. En Chine et en Russie, les gens vous suivent, via votre ordinateur portable ou votre téléphone, comment gérez-vous cela? La plupart des professionnels savent à quel point c'est important, mais veulent s’en préoccuper le moins possible. Les grandes entreprises ont les moyens d'engager des ingénieurs en informatique pour résoudre ce problème. Cependant, aucune organisation, grande ou petite, ne peut se permettre de laisser son réseau informatique être infecté par un virus, à cause d’un journaliste ou d’un créateur de programmes de télévision imprudent.”

Charlie livre ici, spécialement pour mediarte, quelques astuces de sécurité - le reste de ces trésors vous le découvrirez en suivant le cours: 

  • Faites votre recherche. Analysez très bien où vous allez, quelle est la situation à cet endroit et comment elle se présente du point de vue des médias.  

  • Travaillez en équipe et soignez votre communication. Même si vous vous rendez seul à un endroit problématique, investissez du temps dans la communication avec votre réseau, chaîne ou maison de production afin qu’ils sachent quoi faire si vous avez disparu.  

  • Logistique! Eau, nourriture et électricité. Dans l’armée, nous voyions trop souvent des équipes de cameramen qui avaient emporté trop peu d’eau ou se retrouvaient avec des batteries/piles plates. 

  • Préparez toujours un plan au cas où cela tournerait mal. 

24 octobre - Safety & security for media professionals

JB

Safety & Security for media professionals


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