Cosmos-Kosmos est une initiative de l’ASBL Comedien.be / Acteur.be, site de référence pour les comédiens et artistes professionnels issus du monde de l’audiovisuel (cinéma & télévision) et des arts de la scène (théâtre, danse, arts de rue) en Belgique.
Cette extension de Comedien.be / Acteur.be permet aux artistes n’ayant pas encore intégré les circuits de subventionnement ou cherchant des aides complémentaires de concrétiser des projets culturels ou artistiques.
La plateforme permet d’accorder une visibilité à moindre coût à un projet, pour sa diffusion notamment; de trouver des collaborateurs, des personnes manquantes à une équipe; de rechercher des co-producteurs ou des lieux d’accueil, ou encore de lever des fonds (crowdfunding). C’est la première plateforme de crowdfunding qui ne prend aucune commission. À part les frais bancaires, l'entièreté de la cagnotte est obtenue par le.la porteur.se de projet.
Mauvais Ange, un premier court-métrage financé en partie par Cosmos-Kosmos
Annoa Verbruggen vient de terminer la réalisation de son premier court-métrage, Mauvais Ange. Annoa est revenue sur le développement de son film et son financement grâce à la plateforme de crowfunding Cosmos-Kosmos.
Être seule ou avec le.a réalisateur.rice dans une salle, avec cet énorme enjeu de récupérer la matière d'un tournage, de la travailler et d’en faire un film, c’est grisant!
Peux-tu te présenter en quelques mots? Qui es-tu, quel est ton parcours ?
Annoa: "Je m’appelle Annoa Verbruggen, j’ai 23 ans et j'ai terminé mes études à l’IAD en 2019, en montage et scripte. Cette double option permettait à la fois de voir la production, les tournages, et aussi la post-production. J’aime ce rôle de dernière écriture du film grâce au montage. Être seule ou avec le.a réalisateur.rice dans une salle, avec cet énorme enjeu de récupérer la matière d'un tournage, de la travailler et d’en faire un film, c’est grisant! "
Comment t’es-tu lancée dans l'aventure de ton premier court-métrage, Mauvais Ange ?
Annoa: "En sortant de l’IAD, j’ai commencé à chercher du travail en tant que scripte et monteuse.
La première année de sortie d’école est souvent une année de galère : il faut se faire un nom. La deuxième année, celle où l’on commence enfin à avoir des petites connexions, a coïncidé avec l’arrivée de la Covid, du confinement et de l’arrêt de tournages … Super timing."
"J’étais enfermée chez moi, comme tout le monde. Je tiens un petit carnet dans lequel je note parfois mes rêves et cauchemars. Un jour de confinement, j'ai recomposé des textes de William Sheller (dont je suis une grande fan), de mémoire, dans mon carnet. J'en ai fait des histoires un peu étranges, en reliant les phrases les unes aux autres. Cela me faisait du bien de faire quelque chose de créatif, de plonger dans un autre univers que la réalité Covid."
"Je ne savais pas quelle forme ces textes pourraient prendre. J’ai d’abord pensé à un clip. J’ai fait lire mes textes à des amis de l’IAD, dont mon copain chef-opérateur, Romain Vermeiren, qui a vu des images fortes à travers mon texte et la possibilité d’un court-métrage. En suivant cette idée de court-métrage, il a fallu que je transforme mon texte en scénario. Mon texte était très poétique, le personnage n’était pas vraiment un personnage, c’était plutôt une ombre. Il y a eu beaucoup d’écriture en vue de pouvoir s’attacher à ce personnage, de le partager avec des potentiels spectateurs."
L’avantage de Cosmos-Kosmos est qu’ils prennent une commission infime (uniquement les frais bancaires). Je leur ai envoyé mon dossier, ils l’ont accepté et c’était parti.
Tu l’as écrit seule ?
Annoa: "J’ai été aidée dans l’écriture par trois proches amis de l’IAD, dont l’un est devenu le premier assistant réalisateur sur le film, Adrien Berlandi, et l’autre est mon petit ami, Romain Vermeiren. On a fait énormément de sessions de brainstorming à trois ou quatre, après lesquelles je partais réécrire seule, mais la tête pleine d’idées nées de leurs propositions. Tous les trois ont été très importants. Ils m’ont aidé à pointer les incohérences, les répétitions du texte."
Quand ton scénario a été bouclé, qu’en as-tu fait ? As-tu essayé de trouver un producteur ?
Annoa: "J’ai tout de suite pensé au crowdfunding. Je pensais d’abord me passer d’une boîte de production, et m’en sortir en utilisant uniquement le crowdfunding. Financièrement, le budget de mon film rentrait entièrement dans le budget personnel que j’ai investi dans le film, et celui des donateurs du crowdfunding."
"Aliassa El Hamdaoui, mon directeur de production sur le film, m’a conseillé de trouver une boite de production qui nous soutienne administrativement. En temps de Covid, on avait peur de ne pas obtenir les autorisations de tournage. Manomètre films (Ixelles) a accepté de nous soutenir au niveau du cadre. Ils nous ont également réservé un petit budget pour envoyer le film en festivals."
Tu étais seule pour le développement du court-métrage ?
Annoa: "Au début je n’avais pas d’équipe, à part mes amis proches qui se sont impliqués dans l’écriture et ensuite comme chef-opérateur (Romain Vermeiren), premier assistant (Adrien Berlandi) et scripte (Morgane Bienfait). Les castings, les costumes, j’ai géré cela seule.
Sur le tournage on était une vingtaine environ, c’est une petite équipe. La plupart venaient de mon réseau de l’IAD. L’équipe image comptait quatre personnes. Nous n’avions qu’un seul ingénieur du son, qui gérait seul la perche et le mixage sur place."
"J’ai fait des recherches d’acteurs en postant des annonces sur comedien.be. À cause du confinement, je ne pouvais pas faire de castings normaux, j’ai rencontré les comédiens en plein air. Il faisait assez beau, on discutait du projet autour des étangs d’Ixelles."
Comment t’es venue l'idée du crowdfunding ?
Annoa: "Beaucoup d'amis avaient fait appel à du crowdfunding pour leur projet. Je recherchais une plateforme de crowdfunding qui ne prenne pas un gros pourcentage sur l’argent récolté pendant la campagne. L’avantage de Cosmos-Kosmos est qu’ils prennent une commission infime (uniquement les frais bancaires). Je leur ai envoyé mon dossier, ils l’ont accepté et c’était parti."
Quel pourcentage de ton budget couvrait l’argent récolté en crowdfunding ?
Annoa: "Cela couvrait la moitié du budget du film, 2000€."
Es-tu arrivée assez rapidement à l'objectif de crowdfunding que tu t’étais fixée ?
Annoa: "Honnêtement oui, ça s'est fait assez facilement. Je n’avais pas encore fait mes preuves dans le milieu du cinéma, donc je savais que je ne pourrais pas convaincre beaucoup d’inconnus via la campagne. Ma famille et mes amis ont investi, et rapidement les amis d’amis et les amis de la famille se sont aussi impliqués."
"J’ai utilisé une partie du budget de la boîte de production pour la rétribution aux donateurs : je vais louer une salle pendant 30 minutes, pour pouvoir leur montrer le film dans un cadre sympa."