l y a presque dix ans, Yannick Verdonck a commencé comme assistant de production chez Landvogel. Entre-temps, il est devenu producteur exécutif de cette maison de production.
As-tu toujours su que tu voulais travailler dans le secteur du film ?
Yannick Verdonck: "Je pense que j'ai toujours su que je voulais faire quelque chose dans le cinéma. Quand j'étais enfant, je regardais beaucoup la télé. Je me souviens aussi d'une fois où je suis allé à un salon de l'emploi avec ma classe et où l'un des autres élèves a décidé d'étudier à Narafi. Je trouvais ça super cool et ça m'a motivé, je savais aussi que je n'allais pas réussir à convaincre mes parents car ils voulaient que j’obtienne d’abord un diplôme “normal” mais mon envie ne m’a jamais quitté."
Cela fait maintenant presque dix ans que tu travailles pour la maison de production Landvogel. Comment cette histoire a-t-elle commencé ?
Yannick Verdonck: "Je me suis lancé sans savoir exactement en quoi consistait le secteur. Après avoir finalement obtenu ce diplôme "normal" en communication, je ressentais toujours cette passion pour le cinéma. Au lieu de chercher immédiatement un emploi, j'ai fait plusieurs stages et une formation accélérée en production de fiction pour acquérir le plus d'expérience possible et apprendre à connaître les gens du secteur. Je pense que seulement un petit millier de personnes travaillent dans le secteur du film en Belgique. C'est relativement peu, donc tout le monde se connaît plus ou moins."
Après environ 2 ans de recherche et de découverte, je me suis retrouvé chez Landvogel où j'ai pu commencer à travailler comme assistant de production, et j’y suis resté jusqu'à aujourd'hui !
Quelles sont les principales différences dans le paysage médiatique entre il y a dix ans et aujourd'hui ?
Yannick Verdonck: "Il existe des différences très visibles en raison des différents canaux par lesquels les gens consomment du contenu aujourd'hui. Cette multiplicité de canaux signifie que le contenu peut désormais être consommé de manière plus individuelle, ce qui a heureusement fait prendre conscience aux médias qu'il leur appartient de s'adresser au plus grand nombre possible de ces individus dans leur contenu. Bien que cette vision soit présente et que nous ayons vu ces dernières années de nombreux projets formidables qui font de leur mieux pour toucher des personnes de toutes origines, de toutes identités et de tous milieux, je ressens toujours en coulisses une voix blanche et masculine prédominante.
Les études en cinéma et audiovisuel sont coûteuses et la garantie d’avoir un boulot après n’est pas une évidence, surtout dans un pays aussi petit que la Belgique. Nous n'étions pas en précarité à la maison avant, mais faire des études artistiques comme seules études était hors de question. Tout ce matériel, la réalisation d'un court-métrage, ... Ce n'est tout simplement pas faisable financièrement pour beaucoup de gens. Il est donc naturel que les personnes en situation de vulnérabilité ne soient pas facilement tentées de faire ce choix, et souvent, elles ne bénéficient certainement pas du soutien de leur famille pour prendre ce risque. La créativité est l'expression du point de vue d'une personne sur quoi que ce soit. Le fait que de nombreuses personnes n'aient pas la possibilité d'exprimer leur point de vue signifie donc que beaucoup de créativité reste inexplorée.
Chez Landvogel, j'essaie de rechercher autant que possible de nouveaux talents, peu importe d'où ils émanent. Je serais donc ravi que Landvogel, en collaboration avec le gouvernement flamand, puisse mettre en place une sorte de bourse d'études. Ainsi, les jeunes pourraient simplement s'inscrire avec un film qu'ils ont réalisé avec n'importe quel appareil. C'est encore un rêve ultime aujourd'hui, mais imaginez si nous pouvions soutenir financièrement ces personnes pendant trois ans, que nous produisions leur court-métrage."
La créativité est partout, mais il faut lui donner une chance de se manifester. Tout le monde mérite cette chance et, de cette manière, quelque chose est alors effectivement fait pour le développement des talents et ce n'est qu'une question de temps avant que cela ne soit également exprimé dans les médias."
La créativité est partout, mais il faut lui donner une chance de se manifester. Tout le monde mérite cette chance !
Que penses-tu des quotas qui s'appliquent dans certaines entreprises ?
Yannick Verdonck: "Je crois fermement qu'il faut engager la meilleure personne pour le poste, comme dans les castings. D'un autre côté, je pense qu'il est important de montrer à l'écran une vision du monde qui correspond à la réalité. L'impact de la représentation est encore largement sous-estimé. C'est notamment cette représentation qui va faire en sorte que cela continue dans les coulisses. Je crois aussi que lorsque l'on voit quelqu'un qui nous ressemble faire quelque chose, on est plus confiant pour se lancer dans le même travail."
Quelles sont, selon toi, les qualités qu'un bon producteur doit avoir ?
Yannick Verdonck: "Il faut surtout être très résistant au stress. Savoir comment gérer la pression. C'est là que je suis le plus performant. Il est également important de pouvoir s'entendre avec les gens. Les employé.e.s sur le plateau sont souvent des indépendant.e.s qui ont aussi d'autres emplois. Il faut donc s'assurer qu'ils donnent la priorité au projet. Il faut aimer travailler avec les gens. Avec les bonnes compétences humaines, on peut les motiver pour que la production se déroule bien. Et, bien sûr, cela aide aussi à réaliser plus de choses si les gens vous apprécient (rires).
Beaucoup de gens pensent que les producteurs sont toujours des requins, mais ce n'est pas vraiment le cas. J'aime vraiment faire mon travail. En tant que producteur, tu fais simplement partie du processus de création. Tu en tires une satisfaction.
Quelles sont tes tactiques de survie lors d'une journée stressante ?
Yannick Verdonck: "J'essaie toujours de rester humain. A moi-même et à l'équipe du plateau. Relativiser, relativiser, relativiser. Il est parfois difficile de ne pas se perdre dans son travail, mais j'essaie d'éviter cela et de rester moi-même à cent pour cent. De plus, je suis toujours transparent envers les autres. L'honnêteté est parfois difficile, mais elle apporte le plus de bénéfices à long terme."
Donc tout n'est pas toujours tout rose dans le monde du cinéma ?
Yannick Verdonck: "Dans les coulisses, certainement pas. C'est un travail extrêmement difficile et on ne peut le faire que si l'on est extrêmement motivé. Il vaut mieux ne pas le commencer si on le fait juste pour l'image cool de l'industrie. Il faut d'abord faire ses preuves, ce n'est qu'ensuite que l'on peut tirer une énorme satisfaction de son travail."
Quel est le projet dont tu es le plus fier ?
Yannick Verdonck: "Nous avons réalisé une production de 2022 en Afrique du Sud pour la marque de bière Cornet. Une publicité pour une bière ne semble pas très innovante en soi, mais cette publicité tourne autour d'un personnage principal qui est mi-blanc, mi-noir. Pas si évident pour une marque traditionnelle de bière flamande. C'est pourquoi j'ai pensé que c'était courageux de la part de l'agence de choisir cet angle."
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