Interview réalisée en Janvier 2021
Nous vivons une époque très instable, notamment en termes d’emploi... Selon vous, quelles seront les principales tendances du marché du travail à court et moyen termes ?
Romain: "Il y a une véritable crise de l’emploi due au coronavirus. Celle-ci ne se ressent pas encore pleinement, mais Actiris anticipe un choc du chômage en 2021. Dans le scénario du pire, nous estimons qu’en juin 2021, nous aurons 26.000 demandeurs d’emploi inoccupés en plus par rapport à aujourd’hui, portant le total à 116.000 demandeurs d’emploi , ce qui est un chiffre énorme."
"Les jeunes sont les premières victimes. Principalement les jeunes hautement qualifiés ou travaillant dans des secteurs très touchés (HORECA, évènementiel), et avec des contrats flexibles. C’est regrettable, car le chômage chez les jeunes était en baisse avant la crise. Nous pouvons donc parler d’un vrai choc, dont nous ne pouvons pas encore voir toute l’ampleur, celle-ci étant atténuée par les différentes mesures temporaires (le droit passerelle et le chômage temporaire notamment)."
Est-il correct de parier que la "requalification" professionnelle sera une stratégie importante pour sortir de cette "crise de l’emploi” due au coronavirus ?
Romain: "Chez Actiris, nous pensons indéniablement qu’une requalification vers des métiers en pénurie peut être une partie d’une stratégie cohérente. Nous formons et orientons les jeunes vers des secteurs qui cherchent à recruter. Les soins de santé, l’enseignement et l’IT par exemple, qui sont les priorités. Par exemple, Digitalcity. brussels (une toute nouvelle initiative rassemblant de nombreux partenaires à Bruxelles, dont Actiris), collecte et offre des formations IT. L’objectif est là aussi d’orienter et former les jeunes vers le secteur de l’IT."
"Nous avons aussi, pendant la crise, lancé « Je prends soin de Bruxelles ». L’objectif de cette plateforme est de créer un lien entre les chercheurs d'emploi (et les chômeurs temporaires) et les postes vacants dans le secteur des soins de santé en Région de Bruxelles- Capitale."
Les jeunes sont les premières victimes. Principalement les jeunes hautement qualifiés ou travaillant dans des secteurs très touchés (HORECA, évènementiel), et avec des contrats flexibles.
Est-ce qu’Actiris œuvre à augmenter l’apprentissage en continu sur son territoire d’action ?
Romain: "Chez Actiris, on stimule nos chercheurs d’emploi à continuer à se former le plus possible, même - et surtout - pendant une période d’inactivité telle que celle que nous connaissons. Nous avons différents outils à disposition, notamment Brulingua, pour l’apprentissage des langues. Il est primordial que les chercheurs d’emploi continuent à se former le plus possible pour se donner les meilleures chances."
Traditionnellement, le secteur audiovisuel a toujours connu un afflux important de travailleurs. Pour les employeurs, la numérisation du secteur permet un rajeunissement de sa force vive : ses travailleurs. Cela a-t-il un impact sur la rétention et la formation des employés ?
Romain: "À Bruxelles, la création de start-ups et petites entreprises dans le domaine des technologies est en constante progression. Depuis 2010, il s’agit de 400 entreprises, générant plus ou moins 3000 emplois. Entre aujourd’hui et 2030, nous pensons que de nombreux Bruxellois devront se reconvertir, la digitalisation aura un impact fort sur chaque secteur."
"Nous estimons que 44.000 personnes devront changer de profil d’ici 2030, car la fonction qu’ils exercent aujourd’hui n’existera plus. Il est primordial pour les employeurs de soutenir la formation de leurs employés, notamment au niveau de la digitalisation, afin de conserver leurs talents. Il est également primordial pour les chercheurs d’emploi de se reconvertir dans le secteur de l’IT, au vu de l’énorme demande dans ce secteur. Les trois profils les plus recherchés à Bruxelles en 2020 sont des profils IT : analyste-programmeur (de logiciels et d’applications par exemple), technicien helpdesk, consultant informatique (comme des spécialistes des bases de données et des réseaux)."
Chez Actiris, quelle est votre politique d’apprentissage tout au long de la vie, par rapport à vos propres employés ?
Romain: "Chez Actiris, nos employés disposent d’un nombre important de jours par an entièrement dédiés à la formation. Tous nos employés ont également accès à la plateforme Actiris Academy, qui dispose d’un large éventail de formations (transversales ou dédiées à des fonctions, des compétences spécifiques). La formation de nos propres employés est au cœur de nos priorités et fait d’ailleurs partie de notre contrat de gestion."